COVID-19 | La vie en maison d’accueil par temps de crise sanitaire

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L’aide aux personnes en situation de précarité ne s’arrête jamais et s’intensifie même en cette période de crise sanitaire. Depuis le mois de mars, la vie en communauté de la maison d’accueil des Petits Riens a dû s’adapter sans cesse. Les travailleurs sociaux font preuve de créativité pour renforcer le communautaire et l’accompagnement des résidents.

Rencontre avec des travailleurs de la Maison d’Accueil pour sans-abri des Petits Riens.

INTERVIEW // Maïté Stiévenart, Directrice de la Maison d’Accueil

Comment s’organise la vie dans une Maison d’accueil en temps de confinement ?

« L’accueil se poursuit. La Maison compte aujourd’hui 54 résidents pour une capacité de 85 personnes et les demandes d’admissions restent ouvertes moyennant un protocole d’arrivée bien en place : testing préalable, logement dans un hôtel avant les résultats, entretien avec l’infirmier de la maison,…

Le confinement amène un besoin d’animer la vie communautaire plus que d’habitude. Les résidents sont là aussi puisque les activités extérieures ont cessé, certains sont au chômage. Ils sortent très peu, y compris en journée, et se sont donc repliés sur les activités propres au fonctionnement de la maison : tâches de cuisine, de nettoyage,… mais aussi des activités de loisirs. Le dialogue et les entretiens avec les travailleurs sociaux restent plus que jamais organisés pour écouter et tenter de rassurer une population fort angoissée qui vit très mal cet enfermement.

L’organisation des travailleurs sociaux s’est aussi adaptée. On a intensifié les présences à la maison d’accueil le matin et l’après-midi notamment pour animer la vie communautaire. L’équipe a été renforcée par 2 équivalents temps-plein. La présence de notre infirmier a été intensifiée puisqu’il est aujourd’hui à temps plein à la Maison d’accueil. Un nouveau travailleur social a également été engagé pour renforcer la vie communautaire.

L’équipe de nuit s’est aussi réorganisée : chaque travailleur social est présent 4 nuits d’affilées et la 5ème, il prépare des animations/activités à proposer aux résidents. Avec le couvre-feu et les activités en extérieur fortement réduites, il y a un besoin important d’animer plus que d’habitude la maison en soirée.

On a donc essayé de répondre à la fois aux besoins des résidents mais aussi des travailleurs. »

©Yann Verbeke

Apprendre de cette crise…

« Cette réorganisation est mise à profit pour se poser des questions sur nos modes de fonctionnement. Nous avons intensifié nos entretiens avec les résidents mais aussi nos réunions d’équipe. Ce moment est donc une vraie opportunité de revoir notre accompagnement. C’est aussi l’occasion de se pencher sur des problématiques récurrentes comme la consommation d’alcool. Le risque est exacerbé en ce moment y compris à l’intérieur de la maison étant donné le couvre-feu. Les travailleurs sociaux y sont attentifs et saisissent l’occasion pour en parler et pointer la problématique et voir comment la travailler.

Grâce à la présence de Claude notre infirmier, nous faisons également de la prévention : rappel des mesures liées au covid mais pas seulement. Il travaille beaucoup sur la sensibilisation au niveau de l’hygiène et plus globalement de la santé. Prochainement des activités de prévention sida sont prévues.

Beaucoup de choses avaient été réfléchies lors de la première vague ; nous étions bien préparés pour cette seconde vague. En mars/avril, le confinement était plus strict et nous avions beaucoup misé sur les activités. Aujourd’hui, nous avons voulu maintenir au maximum le travail d’accompagnement tout en respectant les règles sanitaires et en équilibre avec les activités liées au fonctionnement de la maison mais aussi plus de type ‘loisirs’. Travailleurs et résidents se retrouvent aussi régulièrement pour échanger sur les problèmes et difficultés du quotidien et faire ensemble, des propositions d’amélioration. »

INTERVIEW // Isabelle, travailleuse sociale de nuit

Travailleuse sociale de nuit en temps de confinement…

« Je suis Isabelle, éducatrice de nuit à la Maison d’accueil des Petits Riens depuis presque 15 ans. On est là la nuit pour organiser et accompagner la vie des résidents lorsqu’ils sont à l’intérieur de la maison : distribution des repas, des médicaments. On assume parfois aussi du soutien scolaire.

En temps ‘normal’, nous organisons fréquemment des activités de groupe, des soirées-jeu ou même des sorties auxquelles les résidents peuvent inviter leurs familles et amis. Ce n’est aujourd’hui plus possible et il faut rester ‘entre nous’, notre ‘bulle’ des résidents et travailleurs sociaux. »

Comment renforcer cette vie communautaire confinée ?

« En essayant de rythmer les journées entre les tâches liées au fonctionnement de la maison et des moments de liens et de loisirs. Il faut se recentrer sur l’important et avoir aussi des petits moments de bonheur.

On reste au maximum dans le dialogue pour encourager aussi les résidents à faire des propositions. Ca ne doit pas toujours venir de nous, tout le monde peut être proactif.

Concrètement ces dernières semaines, nous avons mis en place une bibliothèque (grâce à la collaboration du département ‘librairie’ du magasin des Petits Riens), organisé des tournois de kicker et de ping-pong, des soirées-jeux. Des ateliers lecture et couture sont programmés. Nous avons aussi programmé le réaménagement de notre salle ‘détente’. Les résidents et les travailleurs sociaux s’y investissent de manière volontaire. Nous attendons juste le matériel et la peinture qui devraient arriver d’ici peu. »

Et pour les fêtes de fin d’année… ?

« C’est une période qui est toujours délicate pour les personnes fragilisées et isolées. Chaque année, nous organisons les réveillons avec l’aide d’anciens résidents qui viennent donner de sacrés coups de main. Des volontaires travaillant dans différents départements des Petits Riens ou certains jeunes d’@Home se joignent aussi à la fête. Cette année, ça ne sera sans doute pas possible d’inviter des personnes extérieures. Alors, il faut s’investir encore plus que d’habitude et mobiliser les forces internes. Nous travaillons, avec les résidents, à l’organisation d’un réveillon multiculturel mêlant les cuisines du monde. Chacun choisit de s’y investir volontairement parce que plus que jamais, nous avons besoin de moments de bonheur. »

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