Maison d’accueil des Petits Riens pour enfants précarisés et parent seul

CHAPITRE 1 / LA NAISSANCE D’UN PROJET

Afin de développer davantage le volet préventif de l’action des Petits Riens, nous nous lançons dans un tout nouveau projet social ! Une maison d’Accueil pour familles monoparentales en situation de pauvreté.

Cette maison se situera rue Parenté, à deux pas de la gare de Bruxelles-midi, et ouvrira ses portes fin 2019. Elle pourra accueillir une vingtaine de parents seuls avec enfants dans des studios individuels.  Chacune de ces familles pourra bénéficier de l’accompagnement dont elle a besoin pour reprendre pied.

Nous vous proposons aujourd’hui le premier chapitre de ce projet ambitieux, soit une mise en contexte. De nombreux chapitres sont encore à venir ! Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant très régulièrement de l’avancement de ce projet. 

FAMILLE MONOPARENTALE : UNE GRANDE FRAGILITÉ SOCIALE

Aujourd’hui un enfant bruxellois sur quatre grandit au sein d’une famille monoparentale, soit un ménage avec un parent isolé et au moins un enfant à charge, dont le parent est le seul responsable financier.

C’est souvent une rupture conjugale qui explique le basculement dans la monoparentalité. Mais il existe d’autres raisons: déchéance de l’autorité parentale, séjour prolongé en prison ou à l’hôpital, parent qui ne reconnaît pas son enfant, veuvage, grossesses d’adolescentes, enfants conçus in vitro…

Le fait de se retrouver du jour au lendemain seul avec ses enfants entraine une période de grande fragilité sociale. Tous les repères économiques et organisationnels de la vie quotidienne doivent être revus, alors que la stabilité psychique est fragilisée.

UN RISQUE ACCRU DE PAUVRETÉ

Les chiffres sont parlants : être issu d’une famille monoparentale, c’est être  4 fois plus en risque de pauvreté.  En 2015, 36 % des familles monoparentales belges étaient en situation de pauvreté alors que c’était le cas pour 10 % des familles duo parentales.

Arriver en situation de monoparentalité, c’est très souvent devoir trouver un nouveau logement, parfois dans un nouveau quartier ; devoir faire vivre la famille avec des revenus moindres tout en ayant à faire face à de nouveaux besoins. L’articulation entre sphère professionnelle, temps consacré aux enfants et temps pour soi devient un véritable casse-tête. Avec à la clé un grand sentiment de solitude.  C’est pour les femmes (87% des parents seuls) qui ont moins de ressources, de soutien familial et de réseaux de solidarité que la monoparentalité sera la plus compliquée.

GRANDIR DANS UN MÉNAGE PAUVRE : DES STIGMATES À LONG TERME SUR LA QUALITÉ DE VIE

La base du développement et de la santé se passe in utéro. Chez les mères précarisées, il y a un risque accru de facteurs néfastes pour l’enfant durant la grossesse  (alimentation moins saine, tabagisme, stress lié à des problèmes économiques/sociaux /psychologiques, moins de soins de santé) et ces risques ont des conséquences directes sur la croissance du fœtus et son développement.

On observe en effet chez les bébés de mamans en situation de grande précarisé des retards dès la naissance au niveau des 2 indices de développement général de l’enfant: la taille et le poids. Ce retard est très difficile à rattraper et s’aggrave tout au long de la vie en étant confronté à d’autres facteurs environnementaux néfastes.

Dans le même ordre d’idée, il y a dans les familles précarisées un plus faible niveau d’instruction des parents, ce qui influe directement sur l’apprentissage du langage chez l’enfant et sur ses acquis psychomoteurs.

En effet, on observe chez les enfants de familles pauvres un important retard de langage, autant au niveau qualité que quantité du bagage lexical (4 fois moindre quand dans une famille aisé).

Un retard de langage dans la petite enfance va avoir des conséquences à long terme pour l’individu : il va diminuer la probabilité de réussite scolaire et dès lors limiter les perspectives d’emploi et plus globalement, réduire la qualité de vie.

Il y a donc énormément qui se joue dès la petite enfance… En mettant davantage de moyens dans l’accompagnement des parents seuls très précarisés  et de leurs enfants, nous espérons pouvoir lutter de manière préventive sur des situations de pauvreté et d’exclusion sociale futures.

Envie d’en savoir plus ? Ces données sont issues de deux ouvrages :
Wagener, Martin. La monoparentalité à Bruxelles: Entre diversité des situations et réponses publiques incertaines.. In: PAUVérité – Le trimestriel du Forum Bruxellois de lutte contre la pauvreté, Vol. 0, no.2, p. 16 (2013)
« Etat des lieux et perspectives Monoparentalités à Bruxelles », Plateforme technique de la Monoparentalité en Région de Bruxelles-Capitale, Novembre 2013