Notre mission d’accueil social par temps de crise sanitaire

L’aide aux personnes en situation de précarité ne s’arrête jamais et s’intensifie même en cette période de crise sanitaire. Depuis plus d’un an, les équipes du centre d’accueil social sont confrontées à des nouveaux publics et des nouveaux besoins du terrain.

Elles ont dû s’adapter, se réinventer et faire preuve de créativité pour continuer leur mission sociale au mieux et au plus près des bénéficiaires.

Rencontre avec Yaël, Directeur engagé (en photo avec une partie de l’équipe du CASAF Bruxelles).

INTERVIEW // Yael Abdissi, Directeur du Centre d’Aide Sociale & de Synersanté

Le Casaf en deux mots ?

« Le Casaf, Centre d’Accueil Social Abbé Froidure est un centre d’aide aux personnes agréé et subsidié par la Cocom comme un centre d’aide aux personnes et un service de médiation de dettes. On a la chance de pouvoir compter également sur l’équipe de Synersanté qui n’a malheureusement pas encore d’agrément ni subsides. Nous avons également un service social situé à Liège. »

Un centre d’aide aux personnes, c’est quoi ?

« C’est un service social qui propose un accompagnement psychosocial, un service de médiation de dettes et un service d’aide juridique à toute personne qui se présente, qui pousse la porte du Casaf. Il s’agit donc d’un accueil inconditionnel. Aucun critère n’est mis en place, nous accueillons les personnes comme elles sont. On fait un accompagnement sur mesure. Nous n’avons pas d’obligation de résultats, nous ne sommes pas des magiciens. Si une demande dépasse nos compétences notre rôle est d’orienter au mieux les personnes vers un service capable d’intervenir.

Nous sommes actifs sur trois pans : un accompagnement individuel, des actions communautaires et des activités de groupes. Au-delà de suivi psychosocial et administratif individuel, notre rôle est de permettre aux personnes d’avoir un lien avec la société de manière globale. Mais également de pouvoir créer un réseau autour de ces personnes. Nous avons des personnes extrêmement désaffiliés, isolées, des personnes qui ont des difficultés d’ordre physique, d’ordre mental, des personnes surendettés, beaucoup qui n’ont pas l’occasion d’avoir un lien, un réseau avec la société. Nous tentons de recréer ce réseau. »

Quel est l’impact de la crise sanitaire sur votre travail ?

 » La crise du Covid est venue faire un effet loupe sur tous les dysfonctionnements sociétaux et notamment les dysfonctionnements des services sociaux comme les nôtres. Non pas à cause des acteurs de terrain mais bien à cause du peu de moyens et de subsides que l’on a. Cette crise est venue accentuer les inégalités. Les personnes qui parvenaient à juste passer leur tête hors de l’eau parce qu’ils avaient un petit boulot au noir ou un emploi précaire se sont vus du jour au lendemain englués dans des situations d’endettement, de chômage, de Cpas, … Ce sont les services sociaux en première ligne qui ont dû absorber toutes ces personnes, avec toujours aussi peu de moyens qu’avant…

Toutes nos activités de groupe ou actions communautaires ont été annulées. Ceci a eu comme conséquence un isolement accru des personnes. Les gens que l’on aide ont de moins en moins de possibilité d’action vers l’extérieur et cela a un gros impact sur leur moral et santé mentale. On voit notre public qui va de moins en moins bien. À part rester chez eux ils n’ont pas beaucoup de possibilités de pouvoir avoir une vie sociale très épanouie. On s’est donc fort axé sur l’aide individuelle. »

Quelles solutions ont été mises en place sur le terrain ?

 » On a été confronté à énormément de demandes, beaucoup plus que les années précédentes. Mais l’équipe elle est restée petite et ne pouvait pas voir tout le monde, ce qui allait à l’encontre de nos valeurs. On s’est réuni en équipe, on a essayé d’être le plus créatif possible et on a complètement revu notre système de permanence. Grâce aux renforts et à l’intelligence de l’équipe, on a mis en place une permanence d’urgence. Tous les jours nous savons désormais recevoir en urgence au minimum six personnes. Cela nous permet d’être au plus près de ce que les gens vivent et de pouvoir répondre à beaucoup plus de demandes. On va ainsi pouvoir doubler voire tripler les personnes accueillies au Casaf et surtout désengorger l’agenda des équipes. »

« Par ailleurs, certains de nos bénéficiaires ont complètement disparus des radars, n’osaient même plus sortir. Les équipes ont donc tenté au maximum de garder un lien par téléphone.

Le téléphone qui est devenu un outil incontournable puisque nous avons participé à la construction du numéro vert « Allo ? Aide Sociale », numéro gratuit permettant d’atteindre les personnes hors radars ou qui ont peur de se rendre dans un service social. Ce que j’admire chez les travailleurs sociaux et dans le secteur c’est que chaque fois qu’il y a une problématique importante, il y a cette capacité de se réinventer. Les équipes se sont bougées et n’ont pas eu peur de se réinventer.

Les services sont submergées mais il y a des travailleurs sociaux qui n’hésitent pas à prendre quatre heures par semaines pour assurer une permanence au numéro vert. »

Et demain ?

 » On doit s’associer, avoir une synergie commune au niveau des services pour renvoyer vers cette difficulté d’accéder aux différents services publics ou sociaux. Pour pouvoir contacter un CPAS, une commune, Actiris, c’est l’enfer. Alors que c’est le minimum. Les personnes en détresse devraient pouvoir accéder facilement à ces services, avoir rapidement un premier contact avec un travailleur en première ligne.

Pour demain, j’aimerais qu’on retienne tout ce que la crise a mis en avant, cet effet loupe, et qu’on ne l’oublie pas. J’aimerais qu’on continue à militer pour faire en sorte que les gens qui éprouvent des difficultés à se nourrir, à se loger, à accéder aux soins de santé aient au moins plus de facilités pour pouvoir accéder aux différents services d’aide auxquels ils ont droit. « 

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