COVID-19 | Pas de confinement pour les actions sociales des Petits Riens

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Derrière les volets fermés des magasins, Les Petits Riens continuent de s’activer pour faire fonctionner tout le pôle social de l’asbl. L’aide aux personnes en situation de précarité ne s’arrête jamais et s’intensifie même en cette période.

Comment s’adapte ce travail sur le terrain ? Rencontre avec des travailleurs d’@Home18-24, la maison d’accueil pour jeunes sans-abri.

INTERVIEW // CORENTIN LETOCART, DIRECTEUR D’@HOME18-24

Concrètement, un confinement à @Home, ça se passe comment ?

« Nous avons vu arriver ce deuxième confinement donc on a pu mieux le préparer. Ça nous a permis de ré-appuyer les gestes barrière qui sont devenus la norme (distanciations, repas en plusieurs services et même le Kicker qui est utilisé de manière différente au vu des circonstances).

En plus, vu la population entre 18 et 24 ans, le confinement s’est installé avant l’heure de l’officiel vu que la majorité des jeunes sont en formation ou à l’école et ils suivaient déjà leurs cours à distance. »

Comment se passent les cours à distance ?

« Nous avons dû revoir notre manière de faire. Avant le Covid, nous avions 3 ordinateurs. Aujourd’hui on s’est rendu compte que la fracture numérique existait bel et bien. Les jeunes n’avaient pas les outils nécessaires pour suivre les cours à distance. Le faire sur un gsm n’est pas idéal. On a donc interpellé le secteur et on a pu bénéficier de deux aides : par le biais du Fond Dimitri (géré par la Fédération Abbé Froidure dont Les Petits Riens font partie) et on a répondu à un appel à projet de la Fondation Roi Baudouin pour limiter la fracture numérique. On a gagné l’appel et on reçoit ce vendredi 13 novembre six PC portables à destination des jeunes. Ils seront mis à profit pour que les jeunes puissent assurer les cours à distance et avoir une année plus ou moins normale. On veille également à avoir une connexion internet qui fonctionne parfaitement pour que chacun puisse travailler convenablement, dans sa chambre et concentré. »

Quelle influence a la crise sanitaire sur le travail d’accompagnement des jeunes ?

« Cette crise a permis de mettre en avant les inégalités et aussi l’importance de rompre l’isolement social. Les jeunes qui sont chez nous ont très peu de liens sociaux et le confinement accentue cela. Nous mettons donc clairement le curseur sur le lien qui est indispensable. On passe beaucoup de temps à discuter avec les usagers, à être auprès d’eux pour leur faire comprendre qu’ils ne sont pas seuls dans cette crise. Même si les proches ne sont plus là, nous on est présents. Les séjours sont plus longs depuis la crise. Les usagers se sentent en sécurité et soutenus à @Home. L’ambiance est bonne dans la maison, il y a peu de tensions : un travail a été effectué de part et d’autre, non seulement du côté des usagers qui se rendent compte qu’on est leur dernière solution et au niveau des travailleurs qui ont pris du recul. C’est une crise que nous partageons tous ! Nous avons la chance de pouvoir rentrer chez nous et voir nos proches, eux n’ont plus cette chance là donc nous devons plus que jamais être à leur écoute et compréhensif. »

Et demain ?  Que restera-t-il de toute cette crise ?

« Même si cela faisait déjà partie de notre philosophie, nous veillerons à garder le lien précieux avec les usagers. Maintenir les activités communautaires et donner plus la parole aux jeunes. On s’est rendus compte pendant la crise que donner la parole aux jeunes était primordial. Très vite, l’équipe a du leur dire: « Voilà les gars, on doit revoir certaines de nos pratiques à cause de la crise (les repas par exemple), comment pouvons-nous faire ? » Ce genre de décisions se prennent ensemble et sont parfois du plein ressort des jeunes. Cela a permis de beaucoup plus les impliquer, les faire participer. L’importance de travailler en réseau s’est également renforcé. »

Une réserve de recrutement de travailleurs sociaux a été activée chez Les Petits Riens. Pourquoi ce besoin de renfort Covid ?

« On a du faire face à de l’absentéisme dans l’équipe, liée aux quarantaines, aux congés ou à l’écartement de bénévoles considérés comme personnes à risque. Il y a donc eu un appel de renfort et à @Home, on a engagé Simon, dynamique travailleur social. Il est polyvalent et d’une aide précieuse. Il est présent pour les usagers et permet à l’équipe de se concentrer sur sa mission première : l’accueil de nos résidents, 24/24h, 7 jours sur 7. »

INTERVIEW // SIMON TOUSSAINT, TRAVAILLEUR SOCIAL « RENFORT COVID »

Un mot de présentation ?

J’ai 24 ans et j’ai fini mes études d’assistant social à la Helha à Louvain-La-Neuve. J’ai fait un stage en maison d’accueil et aussi un dans un service d’aide à la jeunesse. C’était très enrichissant au niveau lien et contact avec les jeunes. C’est un secteur qui m’a beaucoup plu et forgé. J’avais envie d’approfondir mes connaissances en maison d’accueil. Au vu de mes stages, travailler à @Home a beaucoup de sens.

Commencer à travailler dans ce contexte particulier, c’est comment ?

Tout s’est passé très vite. L’annonce a parue, j’ai postulé, on m’a appelé, j’ai eu mon entretien et mon contrat a été signé à peine deux heures plus tard. J’ai été mis dans le bain directement. J’ai du travailler seul très vite. C’était stressant mais j’ai pu en discuter avec les collègues et c’est très formateur. Je me tourne aussi vers les jeunes pour découvrir la maison et son fonctionnement.

Ton rôle de renfort ?

Je dois être polyvalent. Je n’ai pas de dossier qui m’est attribué. Je me focalise beaucoup sur la vie en communauté. Je tente de la faciliter pour garder une bonne dynamique de groupe. Être confiné ce n’est pas facile, à 15, c’est un challenge. On organise des tournois de kicker, on a organisé un grand jeu pour animer les vacances de Toussaint avec un Killer géant, etc. J’ai également pu m’occuper de nouvelles demandes d’hébergement. Nos portes sont en effet ouvertes, même en plein confinement.

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