Entre services sociaux et entreprise d’économie sociale, Les Petits Riens ont développé une culture d’entreprise tout à fait particulière. Voici ce qu’écrivait l’un de nos collaborateurs, quelques semaines après avoir été engagé :

C’est qu’ici, aux Petits Riens, on fait de l’économie sociale depuis 75 ans, soit bien avant qu’on ne nomme le concept, et bien avant que le terme ne se galvaude. Ici on parle, dans la même phrase, de chiffre d’affaire et de revenu d’intégration. Dans les bureaux de la rue Américaine, on prévoit des investissements à six chiffres tandis que, dans le même temps, d’autres combattent leur surendettement dans la Maison d’accueil pour sans-abri de la rue du Prévôt. A un bout de la chaîne, on s’active dans une friperie branchée pour que, de l’autre, des dizaines de sans-abri puissent réapprendre l’hygiène de vie la plus élémentaire.

Aux points sensibles de cette merveilleuse chaîne, j’ai rencontré des gens qui s’acharnent à dépoussiérer ce qui était une « institution » pour en faire une véritable « entreprise d’économie sociale » en phase avec son temps. J’ai été surpris d’entendre que le vocabulaire des travailleurs sociaux rejoignait parfois celui des chefs de magasins. Des mots comme « résultat » et « échéance » sortent de la bouche des premiers, alors que les seconds se plaisent à rappeler la finalité sociale de leurs bénéfices. J’ai été épaté par le réalisme optimiste des travailleurs sociaux. Leur but, disent-ils en substance, n’est pas de forcer le pied à marcher droit. Mais bien plutôt de réapprendre à marcher comme on peut avec les pieds qu’on a. Juguler l’assuétude, l’endettement, le déficit de lien social.